Les mises en prose sont un élément caractéristique du paysage littéraire de l’automne du Moyen-âge. Ces longs récits en prose donnent une nouvelle vie au vieux chant héroïque des chansons de geste, aux romans courtois et aux vieilles chroniques. Lues et aimées de leurs contemporains, ces adaptations n’ont pas, au début, suscité l’intérêt des philologues, certains les trouvant secondaires et médiocres, d’autres simplement insignifiantes. Aujourd’hui, cette littérature regagne ses titres de noblesse comme celle qui enferme les derniers échos du cor de Roland à côté de ceux du cor magique d’Aubéron, celle qui peut être considérée comme annonce directe du roman classique et celle, finalement, qui devient pour nous un vrai trésor d’informations sur les goûts, les moeurs, la sensibilité de son époque.
Dans ce livre, basé sur une thèse de doctorat entièrement revue et réorganisée, l’auteur analyse trois mises en prose tardives en les comparant à leurs sources épiques qui sont le vénérable cycle de Guillaume d’Orange, contenant des chansons de geste anciennes et héroïques, Berte aus grans piés d’Adenet le Roi, inspirée plutôt d’un conte folklorique, et Huon de Bordeaux, ressemblant à un roman d’aventures. Ces trois dérimages sont analysés dans la perspective de leurs sources, sous l’angle du processus de l’adaptation, des problèmes génériques, de la composition et, finalement, du contenu proprement dit des textes et de la mentalité qu’il reflète. Cette démarche permet de tenter de répondre à certaines questions soulevées par cette littér ature : pourquoi a-t-on adapté de vieilles oeuvres plutôt que de créer de nouvelles fictions ? Quels sont les procédés de l’adaptation les plus fréquents ? Comment les écrivains du XVe siècle modifient-ils leurs sources ? En quoi sont-ils autonomes, en quoi dépendent-ils des modes et tendances littéraires en vogue à leur époque ?
Sans prétendre trouver les réponses définitives à ces questions, l’auteur espère, par ses analyses, jeter un peu de lumière sur la mise en prose, ce genre médiéval parfois injustement oublié.
Dorota Pudo – philologue et médiéviste, diplômée de l’Université Jagellone, docteur en lettres. Ses centres d’intérêt principaux sont, à part les mises en prose qui ont fait l’objet de sa thèse de doctorat, la chanson de geste et le roman courtois. Depuis 2011, elle se consacre aux recherches en didactique du FLE. Membre de Polskie Towarzystwo Neofilologiczne.